Dominique Strauss Kahn , monstre innocent
Peut-être l'affaire DSK est-elle une occasion pour se pencher sur la presse française, le système judiciaire américain ou encore pour explorer les dessous de la politique, mais avant tout, il me semble qu'elle a la force d'un mythe.
Un roi déchu en vingt-quatre heures. Celui que personne ne peut comprendre. Si l'on suppose que les accusations soient fondées, alors on assiste en effet à une forme de sidération - celle du héros lui-même - saisi par sa passion, qu'elle soit pulsion ou signe du "ciel" antique. "Vénus toute entière à sa proie attachée", enfermé quelques instants fatals dans un songe monstrueux, celui qu'Athéna envoie à Ajax, celui qui pousse Néron, en pleine nuit à enlever Junie. Son ubris.
Alors oui, les arguments rationnels de ceux qui invoquent le complot parce qu'il est impensable qu'un homme risque tant pour un instant de jouissance, ces arguments ne tiennent pas devant la violence des dieux, du destin, des astres.
Alors l'air hagard et fermé de l'homme menotté, son silence, et osons le dire, sa dignité, ce seraient les noirceurs du réveil, la conscience de l'ineluctable. La colère dans son regard, la haine des Dieux.
Monstre innocent ? Juridiquement la question est sûrement essentielle. La mort du héros est déjà célébrée, annoncée. La passion, au sens étymologique résiste à toute ambition.
